Trois-Rivières, poésie et Chloé Sainte-Marie

Un texte à trois encres…

Trois-Rivières, comme une sainte Trinité, avec le gros œil du lac Saint-Pierre à sa porte, nous a accueillis dans son firmament de poésie, la clé de l’enchantement a ouvert le chemin vers cette belle ville chaleureuse et invitante!

Sur chaque maison, au gré des petites rues, comme un fleuron, un ou plusieurs vers de poètes différents, de partout, de tous les temps, ornent les murs extérieurs. La ville se lit, elle incarne un grand poème. Quelle belle idée! Je le réalise alors que la ville habite la poésie depuis 25 ans, déjà, alors qu’elle s’embellit de ses 375 ans. Ainsi soit-il, nos vies suivent leurs courants, nous ne pouvons pas en voir plus que trois en même temps…, mais c’est beau de renaître constamment sur de nouvelle rives, de découvrir la magie et le mystique comme si c’était un premier regard sur la beauté des choses.

De prime abord, pour le Montréalais que je suis, Trois-Rivières semble désertée, mais on se rend vite compte que la vie y est belle et grouillante. De très bons restaurants, dont «Le Saint-Laurent» et «Le manoir du spaghetti», des petits cafés, des maisons du thé vraiment sympathiques… (à découvrir, à aimer), toute la ville se fait belle pour accueillir les semeurs et les cueilleurs de poèmes. Et, sur la rue, on parle, on jase avec les poètes, avec les gens, tous métissés, tous égaux: Une mosaïque impressionnante et unique.

Une fête de la poésie qui célèbre l’écrit de mille et une façons. Entre autres, des banderoles de poèmes composés par des centaines d’élèves de toutes les écoles reliaient les arbres du beau parc près de la maison de la culture. Là, où eut lieu les magnifiques récitals de la «Grande soirée de poésie Quebecor», 25 poètes de partout, tous excellents: les Pleau, Jacob, Chiasson, Brossard, Kakpo, Clapès, Chevarier, Jangbu, Leblanc-Poirier, Dagtekin, Morales, Lalonde, Espina, Boulerice, al Masri, Villarreal, Martin, Quinn, Owen, Van Rossom, Heidi Kam, Sharma, Tchigrine, Verhegghe et Daoust. Je tiens à mentionner mes coups de cœur: Maram al-Masri (Syrie), Jean-Claude Martin (France) et Yuyutsu R. D. Sharma (Népal). D’autres lectures y ont été données le dimanche, avant le concert de Jacques Lacombe et Chloé Sainte-Marie, des récitals avec musiciens (guitare classique et clarinette) où nous entendions des musiques de Ravel, Piazzolla et autres qui agrémentaient les interludes. J’y ai découvert la poétesse Sara Cohen, une Argentine qui a traduit nombre de nos poètes québécois en espagnol.

Une autre belle surprise de cette fin de semaine festive est très certainement la découverte de l’orchestre symphonique de Trois-Rivières, qui n’a absolument rien à envier à celui de Montréal. Aussi, celle de découvrir que Jacques Lacombe y est directeur artistique! Une union de talents qui pourrait conduire Trois-Rivières T-rès loin.

Ce bel après-midi de concert a commencé par une causerie. Il était plaisant d’entendre cette jeune violoncelliste de l’orchestre raconter sa belle épopée musicale. Elle m’a fait sourire quand elle a parlé avec fierté de son bel instrument, un beau violoncelle français fabriqué par Jean-Baptiste Vuillaume (Mirecourt, France), un très grand artiste de la lutherie française.

Jacques Lacombe et Chloé Sainte-Marie ont répondu généreusement aux questions de l’animatrice. J’en retiens que Chloé et les grands orchestres est une expérience à renouveler.

Quant à Réjean Bouchard, il nous a captivés et étonnés en nous confiant qu’il a une formation en littérature, mais qu’il a une absence de formation en musique. Quel artiste! Quelles belles explications il nous a données sur la recette concoctée au cœur de la musique qui enveloppe Chloé Sainte-Marie, de l’approche qu’il prend pour les arrangements: chaque chanson est travaillée, re-travaillée, remise dans l’oreille critique jusqu’à ce qu’elles vibrent (oreille et chanson) au cœur de chacun comme un sentiment vrai et unique. Une approche sans compromis où la chanson devient «Art», plutôt que «adaptation et contrainte». L’artiste n’a pas à chanter sur une musique préfabriquée, car tout est exploré avec elle, pour elle: tonalités, phrasés, timbres, etc., tous travaillent ensemble. Le cœur, souvent, en sait plus sur les choses que l’esprit ne peut en emmagasiner par les connaissances et les formations.

Le concert, en trois volets, comme trois fleuves distincts, commence avec une belle «Fantaisie sur le thème de ‘Greensleeves’» par Ralph Vaughan Williams, une musique reposante, relaxante, en terrain connu, folklorique et troubadour. Très bien interprétée, mais qui, malgré tous les efforts du chef, d’avoir voulu nous convaincre du contraire, ne pouvait nous empêcher de la lier à la fête de Noël.

Puis nous avons bondi de quelques siècles pour nous retrouver dans les fresques musicales à la Monet, à la Saint-John Perse (tiens, peut-être!), tout impressionniste, avec ce que j’appellerais (en délinquant que je suis) un poème musical. Jacques Lacombe nous a conduits dans l’univers de «Soirs, opus 5» du compositeur français Florent Schmitt, un recueil de huit poèmes sans mot; en fait, huit pièces pour petit orchestre. Et que j’ai trouvé très «énigmatiques», ou plutôt à la fois sobres, originales, savantes et floues, mais cette musique a eu le bonheur de montrer la grande cohésion des musiciens, leur habileté à travailler les pièces difficiles du répertoire. Cette musique tout en équilibre entre harmonie et mélodie nous laissait flotter sur une orbite à la frontière de la beauté des sentiments et de la recherche savante de couleurs ou de teintes sonores. Une œuvre que l’oreille veut réentendre par obligation et par goût, pour bien la connaître, pour mieux l’aimer.

Puis…, entracte…, et, Chloé Sainte-Marie, appuyée sur ce merveilleux monument de talents, nous donne un concert qu’il m’est impossible de décrire. Les mots du dictionnaire me semblent tous insensés et impuissants. Nous aurions beau rapailler les meilleurs chanteurs et troubadours du monde, personne ne rend aussi bien qu’elle la poésie à la fois récitée, à la fois chantée, à la fois mimée, à la fois vécue! Elle nous a offert Miron, Giguère (Ah ! «La Mordore »: j’avoue que tout devint embrouillé devant moi dès la première note de la guitare de Réjean Bouchard…), nombre d’autres poètes dont les chansons ont été cueillies ici et là dans les albums, anciens et nouveaux. L’émotion nous étreignait à chaque instant; et, quand elle a récité le poème «Je sais que tu sais» de Joséphine Bacon avec Joséphine Bacon même, celle-ci en français, Chloé en Innu, je savais que je ne pourrais pas en dire davantage sur ce concert. Mais je sais que je suis habité de milliers d’autres belles choses même si indicibles… Il n’y a pas de mot.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer très brièvement Chloé après le concert, une femme débordante d’énergie, qui ne semblait même pas fatiguée malgré cette performance où elle avait pourtant tout donné; de plus, elle semblait s’amuser, elle donnait l’impression d’être parfaitement heureuse de parler à tous et chacun, nous qui étions à tourner autour d’elle comme des abeilles autour d’une fleur.

Nous avons eu, également, mon épouse et moi, l’immense privilège de pouvoir discuter quelques instants avec Joséphine Bacon, cette grande poétesse aux yeux lumineux, pleine d’intelligence et de sensibilité; de simplicité et de grandeur d’âme.

À la prochaine Trois-Rivières, à toi poésie, à toi l’aurifeuflamme…

3 commentaires:

  1. Mélomane du Québec21 novembre 2011 à 14:27

    Chloé Sainte-Marie vient de sortir un nouvel album magnifique! Il s'agit d'un conte de Noël de Gilles Carle qu'elle a mis en musique avec la collaboration de plusieurs artistes québécois dont les frères Painchaud, Bernard Adamus, Yves Lambert et plus.

    À décvourir!

    http://chloestemarie.ca/

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  2. BRAVO POUR VOTRE MAGNIFIQUE BLOG
    la culture de la Mauricie
    est bien appuyée
    au niveau littéraire
    par votre plume)))

    Je m'appelle Pierrot
    permettez-moi de vous offrir
    une de mes chansons
    qui parle de La Tuque et Trois-Rivieres
    et dont les paroles et musique
    se retrouvent sur

    www.demers.qc.ca
    chansons de pierrot
    paroles et musique

    LE CAMIONNEUR

    COUPLET 1

    j’suis su l’camion 60 heures par semaine
    j’t’aime

    des fois j’triche un peu
    j’fais des heures pour nous deux
    on dormira plus tard
    quand on s’ra des beaux vieux

    moi je vis juste pour toé
    j’ai hâte à fin de semaine
    j’t’aime

    de cogner du marteau
    quand tu fais du gâteau
    t’es si belle au fourneau
    mais j’veux mieux pour ma reine

    REFRAIN

    suffit qu’tu m’dises
    que tu veux changer la cuisine
    enlever l’comptoir à melamine

    pour que la route
    entre La Tuque et Trois-Rivières
    soit la plus belle de l’univers

    COUPLET 2

    j’dors dans l’camion
    4 nuits par semaine
    j’t’aime

    3 heures du matin
    réveille par la fiam
    mon p’tit lit dans cabine
    est ben trop grand pour rien

    j’ai des idées
    pour la salle à manger
    j’t’aime

    j’ai ben hâte d’en jaser
    autour d’un bon café
    j’ai acheté les néons
    ceux qu’tu m’avais d’mandés

    COUPLET 3

    j’suis sul’camion
    quand la neige a d’la peine
    j’t’aime

    quand le vent trop jaloux
    la garoche entre mes roues
    j’ai autour du c.b.
    un vieux chapelet jauni

    tu m’l’as donné
    en pleurant comme une folle
    j’t’aime

    parce que t’es ben croyante
    pis t’as peur quand y vente
    à soir ton camionneur
    rentrera plus d’bonne heure

    REFRAIN FINAL

    suffit qu’tu m’dses
    qu’cest ben plus beau dans ta cuisine
    parce que mes bras en melamine

    te lèvent dans airs
    entre La Tuque et Trois Rivières
    toi la plus belle de l’univers

    suffit qu’tu m’dises
    qu’c’est ben plus beau dans ta cuisine
    parce que mes bras en mélamine

    te lèvent dans airs
    loin de la Tuque et Trois Rivières
    toi la reine de mes je t’aime
    toi la reine de mes je t’aime

    Pierrot est l'auteur de l'Île de l'éternité de l'instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l'un des tous premiers chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...

    Pierrot
    vagabond céleste
    www.reveursequitables.com
    www.enracontantpierrot.blogspot.com

    www.tvc-vm.com/studio-direct-2-35-1/le/vagabond/celeste/de/simon/gauthier

    MARDI
    5 FÉVRIER 2013
    21HEURES
    Le Gambrinus, 3160 boul. des Forges, Trois-Rivières ; 918-691-3371. Le vagabond céleste accompagné du musicien Benoit Rolland.
    www.simongauthier.com

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