Musique - Sylvie Paquette – Les valises – à l’Excentris

J’étais au chic Excentris ce mercredi 29 octobre 2009. Hormis l’allure surréaliste de la billetterie que j’ai mis du temps à trouver, et à laquelle, par la suite, j’ai pris du temps à m’habituer, cet endroit est vraiment merveilleux.

En fait, pour être plus précis, il m’apparaissait difficile de décider si j’étais charmé ou gêné par l’effet que produit sur nous ce guichetier: j’avais l’impression de communiquer avec une vitre d’écran d’ordinateur au travers duquel un être virtuel, enchâssé dans un hublot d’un quelconque vaisseau spatial du temps de Jules Verne, m’interrogeait alors que je me questionnais sur la véracité de son existence même. L’âme humaine avait-elle été pulvérisée? puis injectée dans un processeur?!

Bon, rien ne presse; mais, heureusement, j’ai survécu, et j’ai récupéré mon billet sans problème, en toute sécurité, sans courir le risque de contracter un quelconque virus.

Fellini sera la salle de concert, habillée de tables carrées style cabaret et de fauteuils sobres style salon, bien rembourrés. Elle offre une ambiance petit café de luxe sans cette barrière désagréable qu’inspire le véritable luxe. Cela en fait probablement une des salles les plus confortables et les plus sympathiques qui existent.

J’y étais avec ma «valise», qui contenait des attentes, des envies de décollage, comme pour partir en voyage avec Sylvie Paquette qui, elle, avait plus de valises que moi, ce qui est tout à fait normal, elle en a beaucoup à raconter à tous et à chacun; et, surtout, c’est le thème de son tout nouveau spectacle, qu’elle donne en solo.

En effet, «Les valises», même si cela nous rappelle la chanson de même titre qu’on peut entendre sur l’album Tam-Tam, est le thème pour la soirée. Il se dessine dans un décor de style théâtre, élaboré à partir de vraies valises de toutes sortes, placées çà et là sur la scène, et dont le contenu se révèle à nous en tranches de vie faites de chansons de toutes les époques de la vie de l’artiste. Un instant suspendu emballé de chansons pour tout bagage, pour s’envoler vers toutes les destinations. Une belle rétrospective condensée en un peu plus de deux heures et demie et où tout tourne autour de l’amour, du désir et de la poésie.

J’ai d’ailleurs été étonné d’apprendre qu’elle avait accumulé plus d’années de chanson que l’âge que je lui prêtais. C’est sûrement que le temps s’est arrêté pour elle. Tout compte fait, nous avons voyagé ce temps qu’elle a parcouru, pour ce bon moment où nous avons eu bien du plaisir à la redécouvrir. J’aurai loisir d’explorer son univers comme bon me semble puisque je me suis procuré un exemplaire de son album «Souvenirs de trois» (2001) que l’on peut acheter seulement lors des concerts, on peut y trouver l’album Tam-Tam, également.

Pour cette série de spectacles, la chanteuse se produit seule avec sa guitare, qu’elle fait résonner admirablement bien. Je connais peu de chansonniers, de n’importe quelle époque, qui en joue d’une manière aussi élaborée. Ses arrangements, ses harmonies et son jeu sont recherchés, une vraie guitariste digne de ce nom, aucun doute là-dessus.

C’est vrai! j’ai écrit «chansonnier», simplement parce que l’atmosphère de la salle, et la façon dont la chanteuse évoluait sur scène, faisait de telle sorte que je me projetais dans l’ambiance des boîtes à chanson de mes jeunes années, filets de pêche en moins, où les soirées se déroulaient à la bonne franquette, où on se retrouvait intimement «connecté» aux artistes. Même les petits problèmes techniques, ou de toutes autres sortes, devenaient une occasion pour l’artiste d’interagir avec les spectateurs et de rire de bon cœur. Sylvie Paquette a un sens de l’humour beau et sincère.

De plus, non seulement elle excelle à la guitare, mais elle se montre très créative avec ses «boîtes à pitons» (échantillonneur et autres effets) qui lui permettent de créer un assemblage simulant plusieurs guitares jouant en même temps. Un orchestre virtuel qu’elle construit au fur et à mesure qu’elle chante. À certains moments, c’est vraiment impressionnant, on ne croit plus qu’il n’y a qu’une seule personne sur la scène.

Et, définitivement, ce qui me fait tomber sous le charme le plus hypnotisant, c’est sa très belle voix, ses très intelligentes et sensibles mélodies qui se collent aux textes, comme si l’une était issue de l’autre, devenues indissociables.

Sylvie Paquette projette cette aura magique qui nous entraîne dans un espace où le temps n’existe plus et où les valises peuvent contenir beaucoup plus que leur volume apparent.

www.myspace.com/sylviepaquette

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