Musique - Huu Bac Quash - Rencontre autour du dan bau


Une autre soirée magique (19 novembre 2009) à la maison de la culture de Côte-des-Neiges où quatre excellents musiciens nous ont offert une musique métissée exceptionnelle.

D’entrée de jeu, sautons dans le vif du sujet: le dan bau est un instrument de musique monocorde vietnamien, il se joue en pinçant cette corde avec un plectre allongé tenu par les doigts de la main droite, pendant que le bord extérieur de celle-ci coupe la corde en l’effleurant ou en s’appuyant contre elle à des endroits bien précis, déterminés par la longueur de la corde vibrante (selon la théorie de Pythagore, en physique acoustique). Ce qui produit les harmoniques naturelles de la note de base (la note de la corde jouée à vide). Les autres notes sont obtenues en actionnant un levier avec la main gauche. À partir d’une note harmonique quelconque, nous pouvons obtenir toutes les autres en actionnant ce levier. Celui-ci permet de jouer les notes plus hautes en le poussant vers la gauche et les notes plus basses en le tirant vers la droite. La sonorité de l’instrument est très asiatique, c’est certain, mais elle est aussi très douce et riche. Le dan bau permet des notes longues et modulantes, un peu comme une voix plaintive et chantante. Mentionnons que cet instrument exige une oreille infaillible, comme pour le violon.

C’est Huu Bac Quash qui en joue admirablement bien. Il est aussi le rassembleur pour cette soirée. Il s’est entouré de Adam O’Callaghan qui joue un autre instrument plus ou moins rare qu’on appelle le thérémine.

Pour ceux qui ont vécu les années Led Zeppelin à leur début, ils se souviendront de cet étrange instrument (une antenne) que Jimi Page se servait pour ébranler le «forum». Instrument qu’il saluait de la main pour produire les différents sons « sauvages » et « psychédéliques ». Adam O’Callaghan pousse l’antenne beaucoup beaucoup plus loin, il maîtrise cet instrument au point de le faire chanter tout ce qui est possible d’imaginer, voire même de jouer en duo avec le dan bau des pièces aussi inusités pour ces instruments que celles de Bach! D’autant plus spectaculaire qu’il ne touche pas l’instrument du tout. C’est que le thérémine est constitué essentiellement de deux antennes, une verticale pour produire des sons de différentes hauteurs, joués avec la main droite qui «danse» horizontalement en se rapprochant ou en s’éloignant, et une autre antenne horizontale pour régler le volume du son avec la main gauche qui, elle, monte et descend afin d’obtenir le niveau recherché. Ce qui donne à Adam O’Callaghan une allure de chef d’orchestre ou de danseur de ballet de mains, aux gestes extrêmement précis, à la longueur d’onde près.

Il y avait également Sarah Toussaint-Léveillé, une charmante jeune chanteuse qui interprète ses chansons en s’accompagnant à la guitare, pendant que le dan bau imite la guitare dite hawaïenne ou «pedal steel guitar». Une voix puissante, une personnalité ricaneuse par moment, et de belles mélodies enrichies de beaux textes autant en anglais qu’en français. Sa voix, son style, nous rappelle les boîtes à chansons des années 50, surtout pour les chansons en Français; tandis qu’en Anglais elle épouse des accents folk solides et typiques.

Enfin, le dernier, mais non le moindre: Ramon Cespedes, chanteur, guitariste et percussionniste nous a offert des chansons plus «funky», certaines teintées du plus pur blues, il faisait penser à Robert Johnson par moment dans sa façon de tenir la guitare et d’en jouer. Une voix éloquente, un charisme certain avec un bon sens de l’«entertainment» et un humour contagieux. Il a également chanté ses propres chansons en français et en anglais, des rythmes qui nous emportent, des mélodies qui nous séduisent.

Malgré le paysage assez «remarquablement» hétéroclite, l’ensemble s’unit pour nous offrir une toile «impressionnante» digne des grands impressionnistes. Des couleurs qui enchantent.

Une belle soirée de qualité exceptionnelle, et qui n’a pas coûté un sou.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire